Plan hiver du CPAS : cette crise sanitaire qui complique encore un peu plus les choses !
L e 1er novembre, jour de la Toussaint, c’est aussi la date à laquelle démarrera le dispositif hivernal du CPAS. Crise sanitaire oblige, il a fallu se montrer inventif mais, finalement, ce sont tout de même 67 places qui seront disponibles sur 3 sites du centre ville jusqu’au 31 mars. En attendant l’aboutissement d’un projet visé à la rue Spinois fin 2021.
Une fois la bise venue on le sait, bien des difficultés rencontrées par les gens de la rue, et pas seulement, peuvent atteindre leur paroxysme. Du côté des structures chargées de leur venir en aide, la donne se complique aussi et c’est d’ailleurs toute l’utilité d’un plan mûrement réfléchi qui permet d’accroître l’efficacité des actions.
Cette année, les acteurs de terrain ont dû qui plus est intégrer la variable Covid. « Le défi a consisté à garder la même capacité d’accueil dans les abris de nuit malgré la crise sanitaire » expliquait lors d’un point presse, ce jeudi, le président du CPAS carolo, Philippe Van Cauwenberghe.
Cette capacité donc, elle sera pour les 5 mois de la période critique de 67 lits au total, soit 2 de plus que d’habitude. Un effort à souligner étant donné les modalités qu’il a fallu revoir pour assurer les mesures d’hygiène et de sécurité.
Concrètement, les abris de nuit de la rue Dourlet et du Supplétif sont maintenus avec une capacité globale de 32 lits, ce qui permet la distanciation sociale. 12 lits sont également toujours mobilisables, à la rue Spinois en cas de crise (conditions météo exceptionnelles).
Et puis, viendra s’ajouter à ceux-ci un troisième site situé au 14 de la rue de la Neuville. Loué par le CPAS, il offrira une capacité de 35 lits. Ce dernier compte en outre rentabiliser son ancienne conciergerie (au 11 de la même rue) qui pourrait devenir une annexe pour l’accueil, la bagagerie, le réfectoire et les blocs sanitaires.
« Excepté le port du masque, l’accueil différé par groupes de dix, la prise de température et le lavage des mains systématique, les abris de nuit fonctionneront normalement. Ils seront ouverts 7j /7 de 21h à 8h. Dix éducateurs seront présents chaque nuit pour assurer l’accueil et le bon fonctionnement de ce dispositif. L’encadrement a dû être revu à la hause vu la répartition du nombre de lits sur trois sites à la place de deux »
Notons par ailleurs que, conformément aux directives reçues de la Région wallonne, les abris de nuit du CPAS disposent d’un Plan Interne d’Urgence (PIU) pour limiter les risques de propagation du Covid-19 et prendre les mesures qui s’imposent si des usagers étaient testés positifs.
« Le CPAS maintient également des logements prêts pour des éventuelles mises en quarantaine d’usagers de la rue. Nous disposons de 3 immeubles avec des chambres individuelles pour accueillir des personnes suspectés ou avérées. Cela représente une dizaine de lits (contre 7 lors du dernier dispositif hivernal).
L’accueil de soirée
Il est ouvert au 18, rue du Spinois, à Charleroi, en période hivernale du lundi au vendredi de 15h30 à 20h, ainsi que les dimanches en fonction des conditions climatiques. Les bénéficiaires y sont accueillis dans un local chauffé où ils bénéficient gratuitement de collations, activités dirigées ou non, et de services divers tels que permanences sociales, accompagnement et suivi, soins de la Croix-Rouge,etc….
« Il sera maintenu à cet endroit, mais avec un accueil dont les modalités permettent le respect de la distanciation physique entre chaque personne. Une inscription préalable sera demandée et des bulles de 20 personnes maximum seront constituées. L’encadrement sera assuré par des éducateurs spécialement recrutés dans le cadre du dispositif hivernal et par l’équipe du projet Activ’Actions, dédiée à l’organisation d’activités, du service APPUIS ».
Voilà pour le gros morceau du dispositif dans lequel il faut y intégrer bien entendu l’aide alimentaire – possibilité de faire monter en puissance la plateforme qui regroupe différentes associations — et les soins médicaux de rue.
En parlant de soins médicaux, l’hiver accentue bien évidemment, et de façon importante, les risques de soucis de santé pour les personnes qui vivent dans la rue : « Le CPAS a donc décidé de renforcer les dispositifs existants, tels que le Relais santé et le Médibus en permettant de déployer davantage encore ces services. Pour ce faire, il a passé une convention avec le Relais Santé pour le financement d’un mi-temps infirmier supplémentaire” souligne Ph. Van Cauwenberghe.
On signalait plus haut que, dans le cadre du dispositif hivernal, en cas de crise, 12 lits sont toujours mobilisables à la rue du Spinois. Jusqu’ici cela n’a jamais été le cas et, pourtant, le CPAS a néanmoins de belles ambitions pour cette bâtisse du n°18 de toute évidence plus fonctionnelle et qui a vu au fil du temps défiler bien des services. En l’occurrence, il ambitionne d’y regrouper là, les activités de Carolo Rue, du SIU, des lits à projets et, surtout, les lits d’hébergement d’urgence de l’abri Dourlet.
« L’objectif consiste à améliorer l’articulation des différentes missions (entre la nuit et le jour, notamment), renforcer l’accompagnement de l’usager en augmentant les ressources consacrées et en développant une méthodologie commune, renforcer la polyvalence des travailleurs, réduire le morcellement géographique des services , améliorer l’indispensable communication entre les travailleurs » ajoute l’édile.
Pratiquement, il s’agirait d’aménager dans le cadre de la première phase 9 modules provisoires (a réaffecter ultérieurement en fonction des résultats du Master Plan Zoé Drion), à côté du bâtiment existant. « Ces modules constitueront le pôle administratif avec 2 salles de réunion, 4 bureaux et 3 bureaux de consultation. Le permis a été déposé mi-juillet. Nous l’attendons pour mi-novembre. Coût : 350.000 euros.
Dans une deuxième phase, quand le pôle administratif sera installé, les travaux d’aménagement du bâtiment pourront commencer. Un aménagement qui prévoit, sur un rez de 430 mètres carrés, la création de 40 lits pour hommes et 8 lits pour femmes ainsi que des sanitaires spécifiques, un accueil modernisé, une buanderie sociale et une bagagerie. Ici, on parle d’une enveloppe de 200.000 euros.
L’idée de ce projet, insiste Ph. Van Cauwenberghe, c’est d’aider les gens de manière plus structurante, raison pour laquelle d’ailleurs on y trouvera là une douzaine de lits à projets. C’est aussi dans l’idée que, crise sanitaire oblige, de plus en plus de gens vont venir frapper à la porte du CPAS. L’édile ne cache d’ailleurs pas ses inquiétudes à ce sujet. « Tous les jours on voit des entreprises qui ferment, les faillites explosent, les chiffres du chômage grimpent en flèche,… Nous avons déjà doublé les aides et, avec l’effet retard, on s’attend à un premier trimestre 2021catastrophique. La possibilité qu’on nous a donnée de continuer à « tirer » dans l’enveloppe de 6 millions en 2021 ne sera sans doute pas suffisante. Un coup de pouce supplémentaire du Fédéral sera nécessaire pour faire face à la situation”. Des entrevues sont d’ores et déjà inscrite à l’agenda.
Dans cette optique, l’abri de nuit Dourlet, passablement vétuste, passerait à la trappe. Plusieurs options sont d’ores et déjà à l’étude pour une réaffectation de l’arche de Noé de la rue académique : stockage, épicerie sociale, activités menées en partenariat avec d’autres structures,… A voir !