Terrils et carrières
L es terrils symbolisent par excellence le territoire naturel de Charleroi. Leurs formes variées et leurs hauteurs imposantes témoignent de l’intensité de l’activité minière sur notre territoire. Avec le temps, les terrils sont devenus de véritables écrins de biodiversité.
La cité compte encore une trentaine de terrils « Monuments ».
Alors qu’on les pensait stériles, ils sont fertiles car colonisés par une abondante végétation.
Un terril peut ainsi abriter une mosaïque d’habitats différents : pelouses pionnières, friches fleuries, mares temporaires, roselières, zones boisées, zones en combustion, …
Le réseau de voies lentes qui relie les différents terrils forme également un intéressant corridor écologique.
Afin de nourrir les regards portés sur ces symboles de l’histoire minière de Charleroi, les terrils les plus emblématiques sont :
- 1. La chaîne des terrils de la Porte Ouest ;
- 2. Le Bois du Cazier ;
- 3. Le Martinet.
Les terrils, marqueurs paysagers
Les terrils sont des repères monumentaux. Ils dominent de leur silhouette le territoire de Charleroi.
Leur présence imposante et leur artificialité rappellent les différentes périodes et techniques d’édification.
A l’échelle d’un territoire, Charleroi est la seule ville à avoir autant de terrils conservés.
C’est au total, une superficie de plus de 500 hectares, marqué par le sceau des terrils pour une superficie totale de 10.207 hectares.
Certains terrils sont restés tels qu’ils étaient lors de leurs mises en tas tandis que d’autres ont été partiellement ou totalement exploités.
Ils existent des terrils coniques, tabulaires, trapézoïdaux, remodelés surmontés de grands plateaux,…
Leurs silhouettes interpellent le regard car ils sont évocateurs d’une histoire exceptionnelle.
Qu’ils soient pris en isolé ou sous la forme de chaîne, ils sont dignes d’être peints car les terrils sont l’œuvre de la profonde identité du Pays Noir.
Le projet Interreg destination Terrils.eu
Du Nord de la France jusqu’en Wallonie, les terrils témoignent d’un passé commun et confèrent une identité forte à une zone transfrontalière s’étendant des Hauts-de-France au Hainaut et au-delà. Vestiges d’une histoire industrielle, ils ont acquis, au fil du temps, un statut complexe : tout à la fois lieux de loisirs, milieux naturels et sites patrimoniaux à préserver.
Véritable charpente paysagère de Charleroi, ils se sont affirmés grâce à Interreg V – Destination Terrils I (2017−2021), ambitieux projet européen ayant permis des avancées significatives notamment en ce qui concerne les inventaires et expertises écologiques.
A son tour, le projet Interreg VI – Destination Terrils II (2021−2027) a pour objectif de renforcer le rôle de la culture et du tourisme durable dans le développement économique, l’inclusion et l’innovation sociales.
Il constituera en cela une aide à la programmation, sur ces sites, d’activités évènementielles, culturelles, touristiques, en s’avançant sur les terrains de l’appropriation citoyenne, de la biodiversité et de sa préservation.
En tant que Partenaire associé, la Ville de Charleroi, aux côtés des partenaires et nombreux acteurs de terrain français et belges, s’engage à servir l’attractivité touristique et culturelle innovante, durable et inclusive de l’arc minier franco-wallon.
Les terrils, biodiversité, milieu naturel étonnant et original
La composition floristique et faunistique d’un terril dépend avant tout de la topographie, mais aussi de ses caractères physiques et chimiques, et de son environnement immédiat : granulométrie, orientation, abords naturels du terril, température, composition du substrat, etc. Tous ces facteurs interviennent dans la colonisation végétale du terril et sont à l’origine d’une grande variété de milieux et d’espèces.
Aujourd’hui, les terrils sont devenus des refuges pour la faune et la flore sauvage car ils offrent des zones de quiétude et sont dépourvus de pesticides.
La nature particulière des schistes et grès houillers sombres et extrêmement poreux, permet le réchauffement rapide des sols. Il en résulte l’apparition de nouveaux habitats étonnants et originaux proches des plantes des sols secs tels que rencontrés dans les pays chauds.
Un cortège des plantes thermophiles se rencontrent sur nos terrils telles que les vipérines, les molènes, les millepertuis perforés, l’épervière piloselle, les onagres, les carlines sauvages,…le cerisier de Sainte-Lucie (Prunus mahaleb).
Les terrils sèment à tous vents et sont des espaces révélateurs du voyage des graines… et des animaux. Diverses espèces d’insectes thermophiles se rencontrent sur les milieux chauds des terrils comme le criquet à ailes bleues.
Le crapaud calamite apprécie les espaces très minéraux ouverts des terrils.
Les friches minières, en général, abritent un florilège de diverses communautés d’insectes, d’oiseaux, de papillons, … ils sont fortement peuplés par tout un monde du vivant aux spécificités naturelles et contribuent au maintien de la biodiversité.
Ils sont les « poumons verts » du Pays Noir.
A faire et à ne pas faire sur tous les terrils
La plupart des terrils sont accessibles et visitables, toutefois certaines zones dites sensibles sont à vocation strictement écologiques.
Voici les recommandations à suivre :
Pour tous
- Restez sur les sentiers ;
- Evitez de faire du bruit ;
- Ne cueillez ni fleurs sauvages, ni champignons, ni baies,…
- N’abimez pas les arbres ;
- Ne perturbez pas les animaux ;
- Ne faites pas de feu, ni barbecue ;
- N’abandonnez pas vos déchets ;
- Tenez votre chien en laisse, ils piétinent la flore parfois fragile, ils peuvent effrayer la faune sauvage, ils causent des problèmes de cohabitation avec les autres usagers, ils peuvent mordre les promeneurs et joggeurs, faire chuter les cyclistes. ;
- Interdiction de tous véhicules à moteur ;
A côté de ces recommandations, aucune fréquentation anarchique des pentes des terrils n’est autorisée pouvant menacer leurs stabilités.
Les pratiques sportives sont limitées au fonctionnement et à la gestion du site selon une charte de bonne conduite et bonne tenue.
Gare aux contrevenants, le garde forestier qui n’est jamais loin pour certains terrils régis par le code forestier, a pour mission de faire respecter les règlements et l’ordre établi. Si le simple rappel ne suffit pas, un procès-verbal est dressé et conduit à des amendes administratives et à des citations en justice.
La chaîne des terrils de la Porte Ouest
Les terrils situés sur les anciennes communes de Dampremy, Marchienne Docherie, Roux et Monceau-sur-Sambre représentent la chaîne des terrils de la Porte Ouest.
Ils sont reliés par le RAVeL du canal Charleroi-Bruxelles et de la Sambre ainsi que par d’anciennes voies ferrées.
La chaîne des terrils est aussi le lieu d’activités culturelles, sportives, pédagogiques et touristiques
Piges
Les deux terrils des Piges sont situés aux portes du centre-ville, ce sont les premiers terrils de la chaîne de la Porte Ouest et le premier site emprunté par les promeneurs de la Boucle Noire. Les deux terrils sont de forme conique. Leur couverture végétale est recouverte d’un large manteau arboré. Le sous-bois abrite des orchidées sauvages.
Le sommet offre une vue unique sur tout Charleroi et son cœur de ville.
Saint-Théodore nouveau
Le terril conique est aménagé avec un escalier qui conduit à un panorama hors-norme sur les implantations sidérurgiques de la Porte Ouest. On y surplombe le canal Charleroi-Bruxelles, de spectaculaires aciéries et d’autres paysages post-industriels particulièrement recherchés par les photographes et les réalisateurs de films. Durant l’été, la friche herbeuse se couvre d’un tapis bleu avec la floraison de la vipérine commune qui attire énormément d’insectes butineurs.
Saint-Théodore ancien
Le terril à large plateau sommital fait l’objet d’un projet WalPhy (pour phytomanagment en Wallonie).
Saint-Charles
Le terril à large plateau présente une roselière. Il est fréquenté par des oiseaux tels que la rousserolle effarvatte et le bruant des roseaux. Les « pelouses » environnantes sont gérées pour y maintenir des fleurs sauvages et une faune d’intérêt biologique. Un sentier monte en pente douce vers le sommet du terril qui offre une vue fantastique sur l’enfilade des terrils et les usines sidérurgiques de Marchienne.
Bayemont
Le Bayemont a une valeur particulière car d’accès facile. Depuis son sommet se dessine toute la chaîne des terrils et on comprend toute la richesse du contexte d’enfilade de terrils aux silhouettes variées. L’ascension du terril offre une belle vue et l’opportunité de découvrir un panorama exceptionnel pour décrire un paysage industriel.
Terril du Martinet
Ancien fleuron de l’activité minière, le site du Martinet rassemble à lui seul, sur plus de 50 hectares, les différentes facettes de l’industrie charbonnière.
Le Martinet se décline, depuis plus de 20 ans, sous la forme de l’oiseau migrateur, le martinet noir nichant au Pays Noir. Le martinet noir se rapproche plus du colibri que de l’hirondelle. La légende du colibri comme celle du martinet noir, est une source d’inspiration à l’engagement et à l’altruisme, toujours en mouvement, ils œuvrent pour une société écologique et humaine.
Depuis quelques années, un vent nouveau souffle sur le Martinet et on voit émerger sur base d’une identité collective, une dynamique durable respectueuse de son héritage, de ses femmes et hommes, de son paysage et de son environnement.
Historique
L’histoire du Martinet remonte avec les premières veines de charbon et la matière qui sera soustraite en sous-sol de manière continue.
Le charbonnage du Martinet faisait partie de la Société Anonyme des charbonnages de Monceau-Fontaine à Monceau-sur-Sambre qui était la plus importante concession de tout le bassin minier de Charleroi.
Les premiers puits sont exploités dès 1720 sous la forme de cayats (mines artisanales peu profondes).
Dans les années 1970, le charbonnage ferme définitivement.
Les occupants actuels sont :
- La brasserie de la Manufacture urbaine ;
- Le Paysage productif ou culture de phytomanagement avec une finalité biomasse ;
- Les vignobles, les ruches,…
- Et prochainement une boulangerie « les levures sauvages ».
Le site du Martinet est parcouru par 10 km de sentiers accessibles et se trouve à mi-parcours de l’itinéraire de la Boucle Noire où il se positionne comme un parc central.
La richesse écologique du site du Martinet
La composition actuelle du site du Martinet remonte à son historicité minière.
Les principaux points de lecture sont :
- Les 2 terrils n°14 monumentaux et volumineux, un plus ancien de forme conique et l’autre à la silhouette trapézoïdale ;
- L’ancien charbonnage, la fosse n°4 ;
- Et 2 larges plaines TLC (Triage Lavoir Central).
Le site du Martinet permet encore une lecture des installations d’extraction, de l’usine de valorisation du charbon, du réseau de voies ferrées, des terrils et du quartier ouvrier.
Il est le seul à Charleroi à présenter en un seul lieu autant de vestiges miniers différents, comme il est le seul encore à présenter une remarquable dynamique citoyenne et une identité sociale forte.
Le site du Martinet peut se définir comme un ensemble de milieux naturels différents les uns des autres mais tous liaisonnés les uns aux autres au sein d’un même périmètre.
De manière non exhaustive, les relevés scientifiques laissent apparaître plus de 500 espèces végétales répertoriées et une soixantaine d’oiseaux différents. Ainsi que quelque 80 espèces de champignons.
Le site du Martinet est constitué de 2 terrils et de zones de friches industrielles situées à leur pied. Renfermant de nombreux biotopes, le site a une grande valeur paysagère et un réel intérêt biologique comme la présence du crapaud calamite (Bufo calamite), espèce Natura 2000 et de plusieurs espèces végétales rares comme la petite Pyrole (Pyrola minor).
Les terrils sont largement colonisés par un boisement spontané dominé par les bouleaux mêlés par d’autres espèces comme des Chênes, des Erables, des Merisiers, des Saules, des Robiniers,…
On observe sur les plaines une mosaïque de groupements herbacés, notamment de pelouses ouvertes à Myosotis, Sedum, Epilobes, Carottes sauvages, Mélilots, Vipérines…qui font le bonheur des insectes butineurs.
Au pied des terrils, des sources, dans le creux, où l’on retrouve tout un mode d’amphibiens.
La richesse du Martinet est en termes de diversités écologiques regroupées en un seul et unique périmètre.
Le site et les terrils du Martinet sont devenus de vrais terrains d’études et de conservation, la gestion écologique manque toujours au programme.
Le site et les terrils du Martinet s’étendent sur une superficie de près de 53 hectares.
Par son classement, le Service Public de Wallonie (DGO4) a estimé que le Martinet contribue à la notoriété patrimoniale du paysage naturel de Charleroi.
Les caractéristiques paysagères
Le premier petit terril est un terril de forme conique possédant 2 têtes en son sommet. Il a une hauteur de 56,00m et un volume de 1.951.350 millions de m3.
Le second grand terril est un terril monumental et volumineux de forme trapézoïdale. Il a une hauteur de 85,00m et un volume de 5.041.020 m³.
Les 2 terrils s’inscrivent dans un paysage de par leurs tailles et leurs formes différentes, ils témoignent tous 2, des différentes périodes d’édification.
Le site du Martinet a la particularité de posséder plusieurs essences d’arbres qui ne se sont pas implantées naturellement sur le site. Dans les années 1950, dans le cadre de la loi sur l’embellissement du paysage, le paysagiste Guy Capart a planté diverses espèces d’arbres sur le flanc ouest du grand terril. On peut observer des sujets de plus de 70 ans tels que des hêtres, des chênes, des châtaigniers, des érables,…
Le petit terril possède de très vieux exemplaires de Bouleaux.
Chacun des 2 terrils dévoilent selon leur couverture arborée spécifique, des textures végétales diversifiées avec des palettes de verts doux et des couleurs vives apportées par les feuilles ou les floraisons selon les saisons.
Les 2 terrils aidés par la dimension supplémentaire de leurs silhouettes spécifiques sont de véritables tableaux vivants dont les couleurs varient au cours des âges passants.
Découverte Nature encadrée
Les terrils et le site du Martinet sont des espaces naturels à part entière, très appréciés par la population locale dont le quartier du Martinet ancré au cœur des 2 terrils. Ils veillent sur leurs terrils comme sur leurs propres vies.
Ils sont fréquentés par des curieux, promeneurs, explorateurs, sportifs occasionnels ou confirmés, artistes, touristes,…naturalistes amateurs et professionnels d’ici et d’ailleurs.
Les terrils et le site du Martinet par leur diversité floristique, faunistique, paysagère et par leur spécificité, sont devenus des terrains d’étude et de conservation d’espaces naturels sensibles.
Parmi les 14 terrils carolo repris dans le projet Interreg, le Martinet est répertorié comme d’intérêt écologique et à ce titre le Carah et Ardenne et Gaume sont allés au charbon pour des expertises naturalistes approfondies.
Le site fait l’objet de gestions régulières, pilotées par un comité de gestion. Des écoles, des entreprises, des jeunes de différentes associations viennent visiter le site et prêter leurs bras pour assurer le maintien de cette belle biodiversité !
Accès libre par la place Frédéric à Roux.
La surveillance
Le site du Martinet est suivi et surveillé par un garde et surveillant forestier du DNF (Département Nature et Forêt).
Le garde forestier est « gestionnaire » du site du Martinet et de ses alentours.
Il fait partie du cantonnement de Nivelles.
Il apparaît comme le « policier », celui qui veille à l’application des différentes réglementations en vigueur : code forestier, règlement de circulation, législation relative à la conservation de la nature, à la faune,…Il a d’ailleurs le titre d’officier de police judiciaire à compétence restreinte.
Le garde forestier a une troisième dimension, celle d’informer et de sensibiliser le public dans une perspective plus large, à la conservation de la nature.
Le cas échéant, il a autorité pour dresser un procès-verbal.
Il protège, surveille, supervise toutes les interventions écologiques sur le site du Martinet.
Carte touristique du site Martinet
Les carrières
Les anciennes carrières abritent une faune et une flore à la fois riche et originale. C’est ce qui a valu à l’ancienne carrière du « Brun Chêne » à Mont-sur-Marchienne d’être désignée Réserve Naturelle.
Les anciennes carrières présentent des espaces dénudés, des falaises plissées, des reliefs accidentés, des arènes, des plans d’eau temporaires, des bassins de décantation, des étangs, gravières à sec, éboulis, pelouses calcaires ou prairies maigres,… Cette mosaïque de petits habitats est riche en biodiversité.
Au pays des terrils, les affleurements calcaires au sud de Charleroi s’expliquent par la présence d’une « écaille » reposant sur les terrains houillers sous-jacents. On appelle « écaille », un lambeau de terrain, de faible dimension.
Les anciennes carrières sont fréquentées notamment par le Grand-Duc d’Europe, qui y trouve un lieu propice pour la nidification.
Réserve Naturelle du Brun Chêne
Cette réserve naturelle de 16,5 ha a été créée en 2014 sur le site de 2 anciennes carrières de calcaire proches de l’Eau d’Heure à Mont-sur-Marchienne.
La nature du site, sèche ou humide selon les endroits, les falaises, les lisières forestières ont attiré une étonnante biodiversité. La carrière accueille plusieurs espèces de batraciens parmi les plus menacées de Wallonie, comme le crapaud calamite et l’alyte accoucheur ou encore 3 espèces de tritons ainsi que des espèces de grenouilles plus communes.
De vastes roselières accueillent depuis quelques années des oiseaux remarquables comme la rousserolle effarvatte ou encore le bruant des roseaux. On note aussi la présence de plusieurs libellules et d’au moins 27 espèces de papillons dont le collier de corail, le thécla de la ronce, pour les espèces les moins fréquentes. Notons encore la présence du criquet à ailes bleues, espèce protégée des milieux secs et une flore remarquable typique des milieux calcaires.
Un intéressant patrimoine industriel datant du siècle dernier mérite aussi le détour : petits fours à chaux artisanaux et fours industriels monumentaux dans lesquels nichent le faucon crécerelle et le choucas des tours.
Le site fait l’objet de gestions régulières, pilotées par un comité de gestion. Des écoles, des entreprises, des jeunes de différentes associations viennent visiter le site et prêter leurs bras pour assurer le maintien de cette belle biodiversité !
Accès libre « sous le viaduc » du R3, au bas de la rue du Pont-à-Nôle à Mont-sur-Marchienne.
Site officiel de la Réserve : www.valdheure.be
La carrière Gralex est, quant à elle, un site privé. Il est formellement interdit de s’y rendre.