Un premier quartier pilote pour la Nature en ville, à Dampremy
Végétaliser et verdir autant que faire se peut le cadre de vie des Carolos fait partie, on le sait, d’une des grandes priorités de l’actuelle majorité. Après le temps de la réflexion, voici venu celui de la concrétisation des actions, avec un premier projet pilote, mené à Dampremy Centre.
Décidément cette mandature marque un tournant décisif pour la “Nature en Ville”. En tant que priorité du bourgmestre Paul Magnette, qui en a endossé la compétence en 2018, elle a définitivement cessé d’être l’agrément de l’espace urbain pour devenir l’un des piliers de la réflexion urbanistique. Le projet de ville de cette majorité a confirmé cette volonté, aboutissant à l’élaboration d’une stratégie territoriale favorisant la valorisation et/ou l’émergence de la nature, qu’il s’agisse de révéler la Sambre, de mettre en avant les terrils ou de végétaliser le cadre de vie des Carolos.
« Charleroi est, à ce jour, la première ville wallonne à avoir une véritable stratégie « nature en ville » annonce fièrement Paul Magnette avant de préciser qu’il s’agit d’un choix délibéré de la décliner sur le tout long terme, c’est-à-dire à l’horizon 2050. « Mais cela n’empêche pas de la mettre en œuvre dès à présent avec des projets bien ficelés, déjà concrétisés ci et là ou à venir comme c’est le cas de celui qui profitera au centre de Dampremy”, un quartier choisi pour rassembler tous les critères utiles à une action qui se veut un peu expérimentale. Avant de le détailler, un mot de la philosophie générale de ce grand dessein carolo qu’accompagnent Elsa Durand et Julie Charles, deux conseillères spécialement recrutées au sein du cabinet du bourgmestre.
La nature comme source de solutions !
Comme toutes les grandes villes, expliquaient celles-ci lors d’un point presse organisé ce vendredi en la salle des Fêtes de l’Hôtel de Ville, Charleroi doit penser son aménagement en prenant en compte les bouleversements climatiques actuels et à venir et pour cela, la nature est une source de solutions !
« Aujourd’hui, il est en effet indispensable de penser le paysage urbain comme un territoire d’accueil et de déploiement de la Nature, qu’il s’agisse du règne végétal ou animal. La Nature peut rendre de nombreux services aux habitants : structurer un réseau d’espaces de ressourcement bien sûr mais aussi lutter contre les îlots de chaleur urbains ou encore offrir une alimentation de qualité”.
Le territoire carolo regorge de richesses grâce à la présence et à la diversité d’espaces non construits hérités de son passé industriel et bien souvent entrés dans le patrimoine foncier public.
« De ces constats, nous avons dégagé une série d’opportunités sur le territoire afin de répertorier les lieux où le développement de projets nature est possible. Les espaces identifiés seront ainsi mis à profit de projets répondant à notre stratégie pour la Nature en ville. Déclinée en 5 axes, elle se déploie sur le territoire carolo au travers d’actions menées non seulement par la ville mais aussi co-construites avec les citoyens et un grand nombre de partenaires. Les projets Nature en ville doivent s’appuyer sur une dimension participative », précise le bourgmestre Paul Magnette.
Les 5 axes de la stratégie Nature en ville :
L’axe de la SUPER SAMBRE !, vise à déployer une vision d’ensemble pour la Sambre et le canal en multipliant les points de contacts physiques et visuels permettant de faire rentrer ce paysage fluvial dans la ville mais aussi d’y développer des paysages productifs visant à long terme la dépollution des sols. Le Master plan de la Porte Ouest par exemple, présenté voici quelques mois, s’inscrit pleinement dans cette optique.
- L’axe NATURE URBAINE, vise à déployer un maillage d’espaces de nature de proximité dont la typologie est bien plus vaste que les seuls parcs et jardins : les aires de jeux, les places, les voiries peuvent combiner fonctions sociales et écologiques.
- L’axe CITÉ DE L’ALIMENTATION, vise à intensifier et accélérer la transition alimentaire initiée à l’échelle de Charleroi Métropole (Food‑C) en mettant par exemple à disposition des lieux publics pouvant accueillir des activités de production ou de transformation à l’instar de ce qui a été initié dans le parc Nelson Mandela par la Ville et le Forem, à savoir une formation en maraichage bio.
- L’axe RÉSERVOIRS ÉCOLOGIQUES, vise à renforcer les continuités écologiques mais aussi à implémenter des statuts de protections pour les grands réservoirs de biodiversité du territoire.
· L’axe ITINÉRAIRES DE DÉCOUVERTE, propose d’intégrer les supports de mobilité active (cyclable, piétonne) fonctionnelle ou de découverte comme ancrages possibles de nouvelles infrastructures vertes. A ce titre, on prend toujours en exemple, celui de la Boucle Noire..
Quartier Pilote de Dampremy : un laboratoire pour l’émergence de la nature dans les quartiers
Dans le cadre de sa programmation Nature en ville à l’échelle du territoire, cette mandature accorde également une attention particulière aux quartiers. C’est de là que découle la volonté de la ville de développer des quartiers pilotes Nature en ville.
Le principe du quartier pilote est d’agir avec un plan d’actions limité dans le temps et l’espace sur des projets de végétalisation de l’espace public et sur une gestion écologique des espaces verts. Le premier quartier pilote concerne Dampremy Centre.
Dampremy-centre sera donc le premier quartier pilote « nature en ville. Pourquoi celui-là plutôt qu’un autre ? “Nous l’avons choisi tout d’abord car c’est un quartier qui a beaucoup souffert en terme d’image et puis, car, sous l’angle de la nature en ville, il possède un énorme potentiel de valorisation. Il rassemble les caractéristiques de chacun des axes d’action que l’on souhaite développer en partenariat avec les habitants et les associations de terrain. Notre objectif est d’offrir un accès à des espaces de nature de proximité aux citoyens tout en consolidant le réseau écologique communal. Des projets d’aménagement et de végétalisation mais aussi l’engagement d’une gestion plus écologique des espaces verts du quartier y seront déployés. Il s’agit par exemple d’installer des plantes vivaces ou d’effectuer des tontes différenciées », souligne le bourgmestre.
A titre d’exemples, les aménagements envisagés porteront sur la création de verger, sur des opérations de plantations dans les parcs ou sur la déminéralisation d’espaces bitumés.
La maitrise d’usage pour la place de Crawhez qui réserve une place non négligeable à la nature en ville s’articulera d’ailleurs à ce processus.
Si de nombreux rendez-vous thématiques seront donnés aux riverains du périmètre concerné, un premier aperçu des projets leur sera présenté le 22 octobre prochain au CEME. On peut notamment citer la création d’un petit parc adoptant des principes écologiques à la ruelle Sainte Barbe, l’aménagement des abords de la station de métro dite du Dragon, la requalification du parc Elio Ivan ou encore la programmation d’un parc mêlant sport et nature au nord du terril Saint Théodore. Des interventions au niveau du cimetière ou du quai 0 de la Sambre, à hauteur du rond-point qui dessert la rue Latérale, sont également envisagées.
Enfin, compte-tenu de la diversité des aménagements concernés, de nombreux services de la ville mais aussi des acteurs externes y seront donc associés. Quant au phasage ? On se donne jusqu’en 2024 pour la mise en œuvre de toutes ces actions qui devraient transformer radicalement ce petit coin de Charleroi…