Une grande place pour les places : 32 millions pour rénover 17 d’entre-elles !
C ôté rénovation urbaine, l’année démarre en force, à Charleroi ! La Ville annonce en effet qu’elle va rénover pas moins de 17 places et autres squares répartis au sein des 5 Districts. Avec une méthodologie tout-à-fait inédite sur le plan de la participation citoyenne. Coût de l’opération : 32 millions d’euros.
“Ce sont des lieux de convivialité très prisés par nos concitoyens mais beaucoup d’entre eux sont en très mauvais état. C’est la raison pour laquelle nous avons lancé, avec le concours de multiples partenaires dont Charleroi Bouwmeester, l’administration, la Wallonie,… un grand projet très ambitieux de rénovation dans le cadre du plan pluriannuel d’investissement (2020/2021)” expliquait ce mardi matin en conférence de presse le bourgmestre Paul Magnette, également en charge de l’aménagement urbain. “Parallèlement aux très importantes rénovations de voirie entamées sous la précédente mandature et que nous entendons poursuivre, j’ai souhaité faire la part belle aux places et aux squares qui sont dès espaces de rencontres et de véritables vecteurs de liens dans le quartier.”
En l’espèce, 17 endroits (sur les 128 au total répertoriés sur l’ensemble du territoire) ont été sélectionnés, sur base de plusieurs critères dont, entre autres, la densité de population, la priorisation des quartiers à rénover dans le cadre des Perspectives de Développement Urbain (éligibles aux subsides wallons), les besoins de connexion en matière de transports en commun, le besoin de renforcer les centralités urbaines. Il s’agit d’un premier lot, d’autres devraient suivre.
“Pour chaque place, les objectifs visés sont de créer des espaces polyvalents, d’intensifier la présence de la nature en ville et, ce faisant, faire en sorte que les places renforcent le maillage des espaces verts en complément du schéma directeur des aires de jeux (une grande demande citoyenne), d’augmenter les surfaces perméables permettant l’infiltration des eaux de pluie, d’améliorer le cadre de vie et favoriser le lien dans les quartiers, d’offrir du mobilier urbain durable et de qualité, de favoriser la mobilité douce et les transports en commun, d’aménager les places avec les habitants des quartiers via la Maîtrise d’usage”.
Parfois critiquée par le passé pour se focaliser un peu trop sur le centre ville, les autorités communales ont veillé ici à une répartition aussi équitable que possible des projets à mener dans les 5 districts. De Charleroi Centre à Gosselies en passant par Marchienne, Couillet et Lodelinsart ou encore de Montignies/Sambre : aucun pôle ne sera lésé.
17 places sélectionnées pour une enveloppe de 32 millions d’euros
Sont cernées par ce plan, les places du Manège, Charles II, du Nord/Levie, Buisset, les Sq du Monument et Bertrand à Charleroi, les places Edmond Gilles (Lodelinsart) et du Crawez à Dampremy, les places Destrée (Gilly), Albert 1er (Montignies/Sambre), Basile Parent (Couillet), des Essarts/Roger Desaise (Mont/Marchienne), Albert 1er (Monceau), Albert 1er/du Perron (Marchienne-au-Pont), Saint-Roch et des Martyrs (Gosselies) et Matteoti (Jumet). C’est d’ailleurs cette dernière qui fera en premier l’objet de travaux (dans les jours qui viennent), ce qui ne sera pas pour déplaire aux riverains… Sinon, 4 d’entre elles sont en phase d’adjudication et 12 autres en phase d’étude. “En termes de financement, les travaux seront réalisés pour partie sur fonds propres et partie fonds Feder/Wallonie. Avec un ratio des subsides très variable en fonction des cas” ajoute le bourgmestre.
De la participation citoyenne à la Maîtrise d’usage…
Dans tout grand chantier digne de ce nom, le citoyen au sens large est appelé à exprimer son avis. On pense notamment à l’enquête publique. Mais en l’occurrence, la Ville entend aller plus loin et expérimenter ce qu’elle appelle la “Maîtrise d’usage”. On pourrait la définir comment étant de la participation citoyenne à la puissance +: elle (re)met vraiment le citoyen au coeur du processus décisionnel, de A jusqu’à Z.
Selon l’échevine Julie Patte, en charge de cette matière au sein du Collège, c’est la systématisation de celle-ci qui confère son caractère innovant à la démarche. “La maîtrise d’usage consiste à donner une place au citoyen qui le souhaite au coeur du processus de l’élaboration de projets aux côtés du maître d’ouvrage et le maître d’oeuvre”. Avec de nombreux avantages à la clé : appropriation du projet par ceux qui en sont les bénéficiaires, maîtrise du coût global grâce à une meilleure appréhension des attentes, expertise du citoyen en sa qualité d’usager d’un espace public, confiance mutuelle entre les riverains et les institutions communales.
Qui est consulté ? En fonction des projets, les habitants du périmètre, le tissu associatif local, les organisateurs d’événements récurrents, les écoles, les administrations, les acteurs de la participation actifs du district concerné pourraient être appelés à faire entendre leur voix via des réunions, ateliers de construction, d’e-consultation et autres techniques d’intelligence collective. “Afin de rendre la consultation la plus souple possible, nous inscrirons celle-ci entre la pré-esquisse et l’esquisse. De cette manière, nous serons en mesure d’avancer sur une base concrète. Il va de soi qu’à terme, nous entendons élargir le processus à l’ensemble des projets que nous voulons développer”. Même le porteur de projet privé n’y coupera pas : MUS devrait être intégrée au cahier des charges et entrer en ligne de compte pour la sélection des dossiers.
A noter que la Ville entend faire appel à un organisme extérieur (pas forcément toujours le même) afin de mener à bien cette mission. Echos Communication, une ONG active dans des projets de coopération au développement (financée par le fédéral) devrait s’atteler en premier à la concrétisation de cette dynamique participative dans le cadre de la réfection de la place Albert 1er, à Monceau (mai/juin prochain). Une convention de partenariat qui ne devrait pas coûter un centime à la Ville devrait être conclue lors du prochain conseil communal.