C’est un projet aussi ambitieux que novateur que la Ville de Charleroi, via son Echevin de la Transition Ecologique Xavier Desgain a récemment dévoilé. En effet, s’inscrivant dans l’objectif Zéro carbone d’ici 2050, le projet de réseau de Chaleur de la Porte Ouest, d’une capacité de 80 à 120 MW, s’avère le plus important de Wallonie.
Une zone stratégique
La zone concernée est délimitée au nord par la chaîne des terrils et à l’ouest par la gare de Marchienne-au-Pont. Elle s’étend jusqu’au ring à l’est et comprend le technopôle Vilette au sud. La zone est traversée par la Sambre et plus au nord par le canal Charleroi-Bruxelles. Au centre d’un master plan stratégique de déploiement industriel et économique présenté en septembre 2021. Plusieurs industries sont actives sur le site dont Industeel, Thy-Marcinelle, Air Liquide, Total Energie, Timac Agro Belux. Le technopôle Villette est animé par plusieurs grandes entreprises dont Thalès Aleni Space et Nexans et plusieurs projets importants sont annoncés sur le territoire de la Porte Ouest, comme le « quartier du futur » de l’armée belge, le projet Colombus destiné à produire du méthane synthétique, le campus Confluence ou encore, toute proche, la megafactory d’Aerospacelab à Marcinelle, sur l’ancien site des ACEC.
L’étude du projet a été confiée à Resolia, bureau d’études spécialisé qui rassemble un ensemble d’experts multidisciplinaires spécialisés en ingénierie des réseaux d’énergie thermique. A la Porte Ouest, cette société compte valoriser la chaleur fatale ‑c’est-à-dire la chaleur générée par un procédé qui n’en constitue pas la finalité première- des industries par des réseaux de chaleur internes ou externes et faire e ce vaste complexe industriel un acteur majeur de l’approvisionnement en chaleur durable du quartier, tout en réduisant les émissions de CO2 et les coûts opérationnels.
Qu’est-ce qu’un réseau de chaleur ?
Un réseau de chaleur est un ensemble de conduites d’eau qui acheminent de la chaleur directement depuis un centre de production de chaleur jusqu’aux consommateurs. Ces réseaux remplacent les réseaux de gaz naturel. Le client reçoit directement de l’eau chaude via le réseau et peut l’utiliser pour ses besoins de chauffage ainsi que la production d’eau chaude santaire. La mutualisation des moyens de production de chaleur permet d’accéder à des technologies qui ne pourraient être mises en œuvre par un particulier. On peut ainsi alimenter un quartier avec des énergies renouvelables ou la récupération de chaleur fatale chez les industriels. Vu sa capacité, le réseau de la Porte Ouest pourrait se connecter à des boucles en création, telle que celle de la ville haute, dont des conduites ont été installées avec les impétrants dans le cadre des travaux de Charleroi DC.
Aujourd’hui, un des défis majeurs de la mise en place de ce réseau de chaleur est de correspondre au phasage de l’installation sur la zone de différents partenaires potentiels (Colombus, megafactory, quartier du futur…) et de nouveaux acteurs. Néanmoins, s’il faudra encore attendre un à deux ans avant un très concret premier coup de pelle, c’est aujourd’hui que se dessine le réseau, qui pourrait même devenir un cas d’étude pratique pour des projets de recherche universitaire, vu son ampleur notamment. En effet, de 80 à 120 MW c’est l’équivalent de la consommation de 25 000 à 40 000 logements mais c’est aussi une diminution de 200 000 tonnes de CO2 émises par an.