Depuis 2017, la photographe française Laura Henno a entamé une fresque photographique au long cours au sein de Slabcity. Plusieurs semaines par an, elle s’installe dans une caravane de cette cité perdue située au cœur du désert californien. Dernier territoire libre des États-Unis, ce campement sauvage qui semble perdu au milieu de nulle part, accueille une communauté de marginaux, de laissés‑pour-compte. Une partie des habitants y vient par désir de liberté, tandis qu’une autre après un parcours de vie semé d’embuches. Ne figurant sur aucune carte, Slabcity existe sans exister. Elle a été ainsi nommée à cause des slab, ces dalles de béton qui constituaient les fondations d’une ancienne base militaire de la Seconde Guerre mondiale, démantelée en 1956 puis occupée par des soldats qui s’y sont installés à sa fermeture.
Dans ce lieu de survie où les conditions sont extrêmement violentes – la chaleur y est intense et l’eau rare – les vols d’avions de chasse et les tirs de roquette brisent constamment le silence supposé régner dans le désert – Laura Henno réalise avec respect et humanité une fable documentaire dédiée à ce no man’s land. En s’intéressant particulièrement aux conditions de vie et de survie des familles qui y résident, elle pose un regard engagé sur le monde, installant un rapport d’intimité avec celles et ceux qu’elle photographie dans cette lumière si particulière de l’Ouest américain.
La série Outremonde a été saluée par la critique aux Rencontres d’Arles en 2018, ainsi qu’à l’Institut de la Photographie en 2019 et au Bleu du Ciel en 2020, sous le commissariat de Michel Poivert.
A découvrir dès à présent et jusqu’au 29 septembre 2024 au Musée de la photo !